Editor | Jazz & Cie |
Date | October 2022 |
Format | Magazine |
Pages | 82 pages |
Location | France |
Language | French |
Link | www.jazzmagazine.com |
Edito
Le dessinateur Fred Beltran les a réunis sur notre couverture, mais dans la vraie vie, Miles Davis et Jimi Hendrix se sont-ils croisés ? Ont-ils joué ensemble ? En tout cas, ils ont chacun à sa manière révolutionné le jazz et le rock au tournant des années 1960, et Jazz Magazine vous raconte ce qui les a rapprochés à travers un dossier exceptionnel où l'on croise aussi John McLaughlin, Betty Davis, Tony Williams et Léo Ferré.
Egalement au sommaire de ce numéro :
- Notre ami le grand photographe Giuseppe Pino vient de nous quitter. Premier des hommages que nous lui rendons dans les mois à venir.
- Miles Davis a aussi régné sur les années 1980, et le coffret d'inédits qui vient de paraître en est la preuve. Chronique en profondeur et Choc à la clé !
- Le violoniste Jean-Luc Ponty vient d'avoir 80 ans, et en exclusivité pour Jazz Magazine, il a rencontré et dialogué avec l'un de ses jeunes confrères, admirateur de longue date : le brillant Théo Ceccaldi.
- Troisième et dernier épisode de notre passionnante Grand Entretien avec Steve Swallow réalisé par Stépahe Ollivier.
- Arnaud Dolmen, Eve Risser, Laurent Coulondre, Vincent Courtois, Yaron Herman ou encore Marcus Miller sont quelques-uns de nous coups de cœur “Sortir” du mois.
- Parmi les 26 CD Chocs du mois choisis par la rédaction : Stéphane Grappelli, Micah Thomas, Enrico Rava & Fred Hersch, Thierry Eliez, Jean-Pierre Como, Randy & Michael Brecker, Joshua Redman / Brad Mehldau / Chris McBride / Brian Blade, Claude Tissendier, Michel Petrucciani…
Edito
MERCI GIUSEPPE
« C'était en 1952. J'étais en sixième. A la maison nous avions un vieux téléviseur Grundig, un des premiers modèles. La musique diffusée par la chaîne nationale se réduisait à la variété populaire de l'époque. Des souvenirs en noir et blanc, sans émotions particulières. Nous avions aussi une radio à fusibles en bakelite qui recevait les ondes courtes, et alors que je jouais avec, un soir, après minuit, je réussis à capter une station qui diffusait de la musique. Une musique nouvelle, explosive, extraterrestre à mes yeux. C'était "Voice Of America", un programme enregistré à Washington et diffusé depuis Tanger pour l'Europe du Sud qui consacrait au jazz, tous les jours sauf le dimanche, une heure entière. Il me fallut certes plus d'un an pour le comprendre. Pour moi l'anglais, et plus précisément l'américain, c'était du chinois(...) Le présentateur qui fut certainement en son temps l'une des voix les plus connues de la planète s'appelait Willis Conover, Bien des années plus tard, j'appris que le jingle qu'on entendait au début et à la fin de cette heure dédiée au jazz était Take The "A" Train ». Ainsi Giuseppe Pino racontait en 2003 la découverte de la musique qui a changé sa vie dans le bien nommé Jazz My Love (éd Vade Retro). Plus loin, il se souvenait aussi de son second séjour au festival d'Antibes/Juan-les-Pins, en juillet 1966 : « J'avais tout organisé à la perfection. Grâce à ma Flat 600 grise et à ma tente, petite mais bien équipée, je peux camper à l'écart de toute habitation, contrairement à mes collaborateurs cultivés, prétentieux, parisiens et snobs de Jazz Magazine. S'ils dorment dans un hôtel confortable, cela ne les empêche pas de m'apprécier, et de publier mes images ». On devine dans ces phrases la malice et la tendresse que Giuseppe Pino avait pour Jazz Magazine, qui n'a jamais cessé de publier ses photos depuis le milieu des années 1960. Dans les remerciements de Jazz My Love figuraient d'ailleurs deux grandes figures de Jazzmag : Jean-Louis Ginibre, rédacteur en chef à l'époque où Giuseppe commença de piger pour nous, et son « ami de toujours », Philippe Carles, à qui, précisait-il ; « le titre de ce livre va à merveille », non sans se demander « ce qu'il aurait fait si cette musique n'avait jamais existé. Il l'aurait peut-être inventée... »
Jeune stagiaire à Jazz Magazine, alors situé au 63, Champs Elysées, l'un de mes premiers plaisirs fut celui de classer les photos. Elles étaient rangées soigneusement dans des boîtes en carton, un dossier par musicien. Les ouvrir pour y ranger un tirage utilisé pour le numéro qui venait d'être bouclé était un ravissement permanent. Et sans rien enlever, cela va de soi, aux autres photographes dont les clichés font tout autant partie de l'histoire de Jazz Magazine depuis bientôt soixante-dix ans, je dois avouer que ceux de Giusерре me fascinaient plus encore. Ses photos posées tout d'abord, ces portraits où il saisissait à travers un regard ou un sourire l'âme des musiciens sans leur voler.
Beauté graphique, cadrages osés, fantaisie de ses petites mises en scène une trompette ou un tuba au-dessus de la tête, une cymbale devant un visage, un flûtiste dans une baignoire..., son génie photographique se déclinait naturellement face aux plus grands noms, face à ces artistes qu'il admirait tant, pour l'amour de ce peuple du jazz, la musique de sa vie.
En 1972, toujours au festival de Juan-les-Pins, où il séjourna presque aussi souvent qu'à Montreux, son autre "quartier général", Giuseppe Pino photographia Ella Fitzgerald à la volée, devant la porte de sa loge, sans, pour une fois, ses lunettes. Trois ans plus tard, au bar du Casino de Montreux, Ella discutait avec son manager, Norman Granz, et Claude Nobs, le créateur du festival. II l'interrompit et lui offrit le tirage de la photo prise à Juan-les-Pins : « For you ». Ella, Granz et Nobs regardèrent la photo : puis se mirent à rire. La chanteuse s'éloigna avec son manager. « Qu'a-t-elle dit ? », demanda Pino à Nobs. « Avec un artiste comme toi, a-t-elle dit, elle pourrait se faire photographier de n'importe quelle manière, même nue. »
Pino et Jazzmag, c'est pour la vie : même la mort ne nous éloignera pas de lui. Mardi 13 septembre dernier, les yeux de cet immense artiste - sans doute aurait-il détesté qu'on écrive ça - se sont fermés, mais nous garderons à jamais les nôtres grand ouverts devant ses photos. Merci Giuseppe.
Fred Goaty
Sommaire
- p 3 : Hommage
- Giuseppe Pino
- p 8 : Sortir
- Arnaud Dolmen, Laurent Coulondre, Jeremy Pelt et Emler/Tchamitchain/Echampard à Jazz sur Seine, Marcus Miller, Vincent Courtois...
- p 16 : Rencontre
- Jean-Luc Ponty et Théo Ceccaldi
- p 21 : Dossier
- Miles Davis, Jimi Hendrix & John McLaughlin.
- p 36 : Grand entretien
- Steve Swallow, troisième épisode
- p 45 : Les 26 Chocs du mois
- Stéphane Grappelli, Enrico Rave & Fred Hersch, Laurent Coulondre, Michael & Randy Brecker, Miah Thomas, Thierry Eliez, Jean-Pierre Como, Claude Tissendier, Julia Hülsmann, Michel Petrucciani, ...
- p 52 : La Playlist
- The Bad Plus, Jeft Parker, Michael Wolny, Géraud Portal, Snacky Puppy, Yaron Herman
- p 53 : Les Disques
- p 77 : Les Concerts

