Lester Young - Profession:Président

Novembre 1936 : un jeune homme de vingt-sept ans enregistre son premier disque. Le Lady be good gravé ce jour-là est un chef-d’oeuvre. La critique est prise de court, mais, dans le même temps, un gamin de seize ans nommé Charlie Parker reprend jusqu’à l’obsession cet éblouissant solo.
Lester Youg vient de bouleverser le jazz et d’en fonder la modernité.
Ainsi va le jazz, d’un génie l’autre. Cette musique de l’instant, lorsqu’un maître se manifeste, atteint d’emblée l’éternité.
Légèreté et détachement : jamais peut-être le style et l’homme ne furent, comme chez Lester Young, à ce point confondus. Homme du Sud, il masquait sa conscience d’être incompris derrière la politesse, l’ironie et une aimable extravagance. Celui que Billie Holliday avait fait Président vivait dans le sentiment de sa marginalité. Pourtant jamais descendance ne fut plus longue : de Charlie Parker et Miles Davis à Stan Getz, et l’ensemble des musiciens West Coast, tout le mouvement cool, tout ce qui compte de saxophonistes, de Dexter Gordon à Sonny Rollins, tous lui sont redevables de leur esthétique. Ce gentleman nonchalant parlait de lui à la troisième personne et appelait Lady les personnes et les choses : cette douceur proverbiale était sa manière à lui de tenir le monde à distance.
Le présent ouvrage est la première grande biographie consacrée à Lester Young. Des premiers pas avec les Blue Devils à la gloire acquise au sein de l’orchestre de Count Basie, des années sombres de l’après-guerre marquées de fulgurants chefs-d’oeuvre jusqu’au dernier mois à Paris, elle retrace le parcours de l’une des quelques figures majeures de la musique de jazz.
Elle est due à Luc Delannoy, écrivain, critique et musicologue.
Discographie de Daniel Richard