So Jazz N° 9

ÉDITO PAR ROMAIN GROSMAN
Nous nous apprêtions à vous parler d’Esperanza Spalding, une artiste de vingt-cinq ans, reflet d’une génération qui refuse de cliver entre ses influences. De Chucho Valdés, de son nouvel album magistral qui raconte une histoire d’écoutes réciproques entre culture cubaine et afro-américaine. De Dino Saluzzi qui évoque le tango, son Argentine natale. De Steve Coleman passé du son hip des années quatre-vingt-dix, à une démarche plus introspective.
Lorsqu’est tombée la triste nouvelle de la disparition d’Abbey Lincoln, à l’age de quatre-vingts ans. Rencontrée une dernière fois, en 2007, chez elle à New York, après la publication d’un album bilan (Abbey Sings Abbey), la chanteuse nous était apparue épuisée par tous ses combats. Depuis le début des années soixante, sa rencontre avec Max Roach, l’album Freedom Now Suite - We Insist !, jusqu’à sa magnifique résurrection dans les années quatre-vingt, grace au producteur Jean-Philippe Allard, en France, pour une série d’enregistrements poignants (The World Is Falling Down. We Gotta Pay The Band, When There Is Love,...). l’artiste, la femme, n’avait jamais renoncé à s’insurger. Une interview. une rencontre avec Abbey Lincoln était toujours un moment Intense. Toute sa vie aura été intense. L’injustice, le racisme la révoltaient au plus haut point. Les larmes pouvaient lui venir en un instant, la colère et l’indignation aussi. Elle supportait de plus en plus mal le monde qui l’entourait. Elle s’était peu à peu cloîtrée dans son antre de Manhattan. Les photos des grands jazzmen qu’elle admirait y tapissaient les murs. Le jazz, à ses yeux, était synonyme d’excellence, d’exigence, de défense des plus belles qualités humaines.
Nous nous souviendrons de son sourire lumineux, de son regard d’une franchise implacable, de son allure incroyablement fière, de l’émotion à fleur de peau dans ses chansons, dans ses interprétations.
So Jazz, dans son édition d’octobre, reviendra sur la carrière d’Abbey Lincoln.

Sommaire

• p 06 CHRONIQUES
  • p 06 Jazz Tube
  • p 09 Ligne de vie, Siegfried Siggi Loch
  • p 11 Le jazz et moi de Noël Akchoté
  • p 18 In the city, Paris par Steve Potts
  • p 20 Boutique
  • p 57 Les disques
  • p 78 Le blind test, Avishai Cohen
  • p 80 Agenda
  • p 82 Culte, Cheick Tidiane Seck évoque Hank Jones

• p 12 PORTRAITS
  • p 12 Norma Winstone
  • p 13 Marcel LCEffier
  • p 14 Napoleon Washington
  • p 16 Ronnie Lynn Patterson

• p 76 LE QUIZ

• p 49 ABONNEMENT

22 En couverture : Esperanza Spalding

– Avec son jeu solaire et son joli minols, la jeune contrebassiste a mis tout le monde dans sa poche

28 Nouvelle tête : Magnus Lindgren

– Le saxophoniste scandinave aime les défis à contre-emploi : pour son nouvel album, il ose une belle incursion en territoire brésilien

30 Rencontre : Stéphan Oliva

– Rencontre avec le pianiste français à l’aube de l’enregistrement de son album dédié au film noir

32 Nouvelle tête : Neil Cowley

– Nouvelle coqueluche de la scène jazz britannique, le planiste prend d’assaut la formule du trio pour mieux remodeler sa culture electro-pop

34 Interview du mois : Steve Coleman

– Le saxophoniste scan-dinave aime les défis à contre-emplol : pour son nouvel album, il ose une belle incursion en territoire brésilien

40 Reportage : Dino Saluzzi

– Entre enregistrements et concerts, le bandonéo-niste argentin fête ses 75 ans dans une belle effervescence musicale

44 Rencontre : Chucho Valdés

– Inspiré par le Giant’s Step de Coltrane, le pianiste cubain signe avec Chucho’s Steps un album complexe et fascinant

50 Rétro : Miles Davis

– Il y a quarante ans, Miles Davis métamorphosait le jazz avec la publication de Bitches Brew. A l’occasion de la sortie d’une luxueuse réédition, récit entre magie noire et vision psychédélique